Ghazaouet: la bataille de Sidi Brahim remémorée.
En marge des travaux du colloque sur la vie spirituelle de l’Emir Abdelkader qui s’est tenue cette fin de semaine durant deux jours à Ghazaouet, les participants à cette manifestation culturelle nationale ont été conviés ce vendredi à une viste des sites historiques témoignant le passage de l’Emir dans cette région notamment la place, le Mont Kerkour et le Palmier. Et aussi à la cité historique de Sidi Brahim ou a été remémoré la Bataille dite « Bataille de Sidi Brahim ».
« La bataille de Sidi Brahim qui a eu lieu du 23 au 26 septembre de l’année 1845 par lArmée de lEmir Abdelkader contre loccupant français représente un chapitre trés important de l’histoire de l’Algérie. Parler de cette bataille pour la génération en organisant des tables rondes, journées d’études c’est d’évoquer un devoir de mémoire » soulignera un résponsable de la fondation Emir Abdelkader organisatrice de ce colloque.
Une bataille dans laquelle le lieutenant-colonel Lucien de Montagnac fut abattu.
En visitant Sidi Brahim, c’est pour ne pas oublier, c’est de se rappeler de cete Bataille qui restera historique dans les annales de l’Histoire.
Les habitants de Sidi Brahim ont acceuilli chaleureusement les participants au colloque et se sont remémorés ensemble cette journée inoubliable, par des tables rondes improvisés, des discussions. c’était magnifique, une rencontre festive, ou aprés la prière du Vendredi tous les présents ont été conviés à un repas du Couscous (Taâ ) et dattes en présence des autorités locales de Souahlia et Ghazaouet.
De notre côté, on félicite les organisateurs et les habitants de cette invitation à Sidi Brahim, commune de Souhlia.
Rappelons, que plusieurs communications ont été présentées durant le colloque sur des thèmes variés liés aux dimensions spirituelles du parcours et de l’oeuvre de l’Emir Abdelkader.
Aussi, des recommandations furent élaborées par ce colloque, selon Mme Nouria Rostane, présidente de la section locale de la Fondation Emir Abdelkader.
mohammed gadiri 01 octobre 2010
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Lire aussi un Article Source http://www.armees.com/le-récit-du-combat-de Sidi-Brahim.html/
Le Récit du Combat de Sidi Brahim.
Djemmaa Ghazaouet, 26 Septembre 1845, fin de journée…
… Seize hommes épuisés, harassés, blessés sont recueillis par la garnison venue à leur rencontre : le Caporal LAVAYSSIERE, 14 chasseurs et le Hussard NATALY. Tous bouleversés, les écoutent…
Ils racontent leur marche terrible de trois lieues sous le soleil de plomb, constamment harcelés par les Arabes contre lesquels ils luttent à la baïonnette car il y a longtemps quils nont plus de munitions. Ils étaient près de 80, formés en carré, les blessés au centre dont lépuisement obligeait à de fréquents arrêts. Ils allaient dans la chaleur torride, par à-coups, farouchement groupés, progressant lentement, environnés dennemis, vers Djemmaa Ghazaouet quil leur fallait atteindre à tout prix.
Leur fatigue était immense, mais surtout la soif les torturait lorsquils parvinrent dans le lit de loued Mersa, à 2000 mètres de leur objectif. Enfin, de leau ! Ils se jetèrent sur elle…
Cétait lendroit et le moment où les attendrait la tribu des Ouled Ziri. Ce fut un carnage. Le Capitaine de GEREAUX et le Lieutenant de CHAPPEDELEINE, déjà blessés, ont été achevés les premiers…
De cet affreux massacre, voici les 16 survivants…
Tout avait commencé le 21 Septembre…
Depuis le début du mois, lEmir Abd EL-KADER, du MAROC où il sétait réfugié, avait entrepris de soulever les tribus Algériennes dont beaucoup, sur la frontière, sétaient déjà reliées à nous.
Ce jour-là, le caïd TRARI, sous prétexte de nous appeler au secours, nous entraîna en réalité dans un traquenard.
Le Colonel de MONTAGNAC, commandant des troupes basées à Djemmaa Ghazaouet, nécoutant que son envie den découdre, se mit à la tête dune petite (hélas, trop petite !) colonne : 60 cavaliers du 2ème Hussard (Chef dEscadron COURBY de COGNORD) et 350 chasseurs du 8ème Chasseurs dOrléans (Chef de Bataillon FROMENT-COSTE) ; le tout avec 6 jours de vivres.
Lon partit le jour même à 22 heures et lon bivouaqua à 15 kilomètres environ à louest de Djemmaa Ghazaouet.
Le 22 au matin, TRARI orienta MONTAGNAC vers le Sud-Est et lon campa après 8 kilomètres, vers 13 heures, le long de la piste, en plain bled. A ce moment, quelques cavaliers arabes sont visibles sur les crêtes qui barrent lhorizon à louest. On échange à distance les premiers coups de feu.
Le 23 à laube, MONTAGNAC, plein dallant, décide de se porter vers le petit parti de cavaliers ennemis aperçu la veille.
Il laisse à la garde du bivouac, le Commandant FROMENT-COSTE, le Capitaine de GEREAUX et des élèments de sa compagnie (la 8ème) de Carabiniers, le Capitaine BURGARD et sa 2ème compagnie.
Puis, de sa personne, il se porte vers louest avec lescadron de Hussards, les 3ème, 6ème, 7ème compagnies et 3ème escouades de la 8ème compagnie du 8ème Bataillon de Chasseurs.
Ils font environ 4000 mètres vers louest… … et cest le drame.
Surgissant brusquement des crêtes environnantes, 5000 à 6000 cavaliers arabes, menés par Abd EL-KADER en personne, fondent sur la petite colonne.
Les Hussards chargent. COURBY de COGNARD est blessé. Nos cavaliers sont submergés et, malgré une défense désespérée, sont bientôt anéantis (Un escadron du 2ème Régiment de Hussards, garde fidèlement la tradition et le souvenir de ces combattants tombés dans la lutte, non loin du marabout de Sidi-Brahim, aux côtés de leurs camarades du 8ème Chasseurs dOrléans). Les trois compagnies de Chasseurs forment le carré et font face. Au milieu delles, MONTAGNAC est tué. On charge par compagnie pour se dégager. La lutte va durer trois heures.
Puis disloquées, dispersées, écrasées, les unités du 8ème dOrléans succombent sur le nombre et sont massacrées.
Averti au bivouac par le Maréchal des Logis BARBUT, du 2ème Hussards, le Commandant FROMENT-COSTE, auquel MONTAGNAC demande des renforts, se précipite avec la 2ème compagnie vers le combat qui se déroule à 4 kilomètres de lui.
Il ne fait pas 2000 mètres.
Les Arabes, qui ont vu son mouvement sur ce terrain dégagé et nu, linterceptent, lentourent, lassaillent de toute part…
FROMENT-COSTE est tué, le Capitaine DUTERTRE, adjudant-major, est fait prisonnier… La lutte est acharnée mais brève.
Bientôt, il ne reste plus quune douzaine de chasseurs que lAdjudant THOMAS, au moment de tomber aux mains de lennemi, exhorte à se battre jusquau bout sur les corps de leurs Officiers.
Le Capitaine de GEREAUX, qui a la responsabilité du bivouac, après un vain essai de se porter au secours de ses compagnons de la 2ème compagnie, assiste impuissant à la lute désespérée de cette unité qui se déroule à 2 kilomètres de lui.
Fort de lexpérience des deux tragiques engagements de la matinée, il réaliste quau moment où son tour sera venu de supporter tout le poids de lattaque adverse, il ne pourra rien faire dans ce terrain dégagé, plat et sans obstacle, totalement inadapté à toute défensive.
A 1000 mètres de là, vers lest, se dresse dans la pleine le petit édifice de la Kouba du Marabout de Sidi-Brahim, flanquée de quelques figuiers et entourée dun mur de pierres sèches. Cest là que GEREAUX décide de se porter et de sinstaller pour se battre en attendant du secours.
Il rameute alors ce qui reste de sa compagnie et les 3 escouades de la 3ème compagnie, avec le Caporal LAVAYSSIERE, qui sont à la garde du troupeau et des bagages et fournissent les grands gardes : soit environ 80 fusils.
La matinée sachève, le mouvement est rapidement exécuté dans la chaleur accablante de ce début daprès-midi.
Il néchappe pas à Abd EL-KADER dans cette grande plaine rase, inondée de soleil, où tout se voit à grande distance. LEmir pense que, parachevant sa victoire, il va facilement écraser ces quelques restes de la colonne française.
Pour lui, ce sera laffaire de quelques instants… … il va se heurter, pendant trois jours et trois nuits à la résistance des 80 chasseurs du Marabout de Sidi-Brahim.
Dans laprès-midi du 23 Septembre, les Arabes sont en masse autour de la Kouba… et cest le siège.
Les assauts des troupes de lEmir se succèdent. Les harcèlements sont permanents. Les vivres et les munitions sépuisent. Sous le soleil torride, leau manque rapidement.
Mais les Chasseurs ne cèdent pas.
Dès le début, le Capitaine de GEREAUX a fait confectionner un drapeau tricolore de fortune pour attirer lattention de la colonne de Barral qui, avec le 10ème Bataillon de Chasseurs dOrléans, opère non loin à partir de Lalla-Marnia. Non sans attirer le feu de lennemi, LAVAYSSIERE, aidé du Chasseur STRAPPONI, hisse le drapeau au sommet dun figuier qui se dresse près du Marabout… et là, dans la lunette quil a emprunté au Capitaine de GEREAUX, il voit la colonne Barral, attaquée à son tour, séloigner dans la plaine. (On saura plus tard que le Commandant dEXEA, du 10ème, était davis daller de lavant).
Les Arabes vont tout faire céder la résistance inattendue que leur opposent les Chasseurs de Sidi-Brahim.
Par trois fois ils les somment de se rendre. A la première sommation, GEREAUX répond que ses chasseurs et lui préfèrent mourir. A la seconde, assortie de menaces contre les prisonniers, il répond encore que ses chasseurs et lui sont à la garde de Dieu et attendent lennemi de pied ferme. A la troisième, GEREAUX blessé, épuisé, ne peut répondre lui-même. LAVAYSSIERE sen charge et ayant emprunté le crayon de capitaine, écrit : « M… pour Abd EL-KADER ! Les Chasseurs dOrléans se font tuer mais ne se rendent jamais ! »
Après les sommations viennent les menaces et bientôt les sévices. Cest dabord le Capitaine DUTERTRE, fait prisonnier le 23, qui, amené devant la murette, crie à ses camarades : « Chasseurs, si vous ne vous rendez pas, on va me couper la tête. Moi, je vous dis, faites-vous tuer jusquau dernier plutôt que de vous rendre. » Quelques instants plus tard, suprême intimidation, sa tête tranchée est promenée par les arabes autour de Kouba, bien en vue de ses défenseurs.
Ce sont alors les prisonniers des combats précédents qui sont traînés de même, les mains liées, pour ébranler la détermination des hommes de GEREAUX. « Couchez-vous !, hurle LAVAYSSIERE. Et il faut aussitôt déclencher une fusillade sur lescorte dAbd EL-KADER qui se trouvait à proximité et est lui-même blessé à loreille.
Enfin cest le Clairon ROLLAND, lui-même aux mains de lennemi, qui reçoit lordre, sous menace de mort, de sonner « la retraite ».
Il savance et vient, à pleins poumons sonner « la charge ».
Les jours passent, la résistance ne faiblit pas.
Mais les secours narrivent pas, GEREAUX, de plus en plus affaibli mais qui a gardé la tête froide et le commandement, se rend compte que la situation où il est ne peut plus durer. Il décide alors quil faut percer et essayer de regagner Djemmaa Ghazaouet, à près de 15 kilomètres.
Le Caporal LAVAYSSIERE qui, depuis le début, sest révélé un homme daction exceptionnel, prendra le commandement du détachement. Les Officiers, GEREAUX, CHAPPEDELEINE, ROZAGUTTI, tous blessés, ne sont plus en état dassurer cette mission.
Le 26 Septembre, à laube, on escalade la face nord de la Kouba, on bouscule les petits postes arabes complètement surpris et, formé en carré, les blessés au centre, on se met en marche dans la plaine sous le soleil qui monte. Lépreuve va durer toute la journée… On connaît la suite et lissue douloureuse de cette marche héroïque et épuisante qui va connaître un dénouement tragique dans le lit de loued Mersa, à 2 kilomètres de Djemmaa Ghazaouet.
Dans la journée du 26 et les jours qui suivent, quelques rescapés de la colonne MONTAGNAC parviendront à rejoindre Djemmaa Ghazaouet. Plusieurs succomberont à leur épuisement et à leurs blessures.
Dès le début, le nom de Sidi-Brahim connut un retentissement extraordinaire.
Ce qui frappa, ce fut la volonté collective, la cohésion de cette troupe, laccord intime et la communauté de réaction des cadres et des chasseurs dans leur farouche résistance à la faim, à la soif, à la chaleur, aux menaces, témoignant dun état desprit bientôt connu comme lEsprit Chasseur ».
Ce fut aussi lextraordinaire autorité dun simple Caporal, bel exemple pour ses successeurs, dénotant la qualité dune instruction et dune formation morale : « le style chasseur ».
Les restes des héros de Sidi-Brahim furent rassemblés à Djemmaa Ghazaouet (Nemours) dans le « Tombeau des Braves ». Ils furent ramenés en FRANCE en 1962 et déposés dans le Musée des Chasseurs au Vieux Fort de Vincennes en 1965.
Ils y reposent aujourdhui.
Source : Les Bataillons Alpins de Chasseurs à Pied au Combat
29 juillet 2004 Source: http://www.armees.com