BENI SNOUS COUTUMES
Les Béni Snous obéissent à de vieilles coutumes qui ont été étudiées par M. Edmond
Destaing, ancien professeur à la Médersa de Tlemcen, qui les a exposées dans un ouvrage édité en 1907, et intitulé « Fêtes et coutumes saisonnières chez les Béni Snous ». Jai interrogé sur ces coutumes, des habitants de Tléta et du Khémis. Elles sont toujours pratiquées comme par le passé dans tous les villages. Je vais vous lire, dans le texte de M. Destain, lexposé de quelques-unes de ces croyances qui lui ont été dictées en berbère par Mohammed Belkheuir des Aït Larbi (Ouled Arbi). Nous avons rencontré avec M. Kahia, cet homme qui a appris le berbère à Monsieur Destaing, il nous prenait pour ses fils. Voici la citation :
*** « Dans nos montagnes des Béni Snous, lhiver est très rigoureux. Pendant plusieurs jours, la neige, chaque année, y couvre la falaise de lAzrou Oufernane qui domine notre village. Mais cest au commencement du mois de mars que le froid se fait le plus vivement sentir. Il y a, à cette époque, une période de sept nuits et de huit jours pendant lesquels souffle un vent violent. Ce vent est dune telle violence quon ne saurait répondre de la vie dun oiseau qui à ce moment, sortirait de son nid.
Il est glacé, accompagné de pluie et de neige. Le froid se fait plus rigoureux le huitième jour de cette période, parce quil va disparaître, se comportant comme la lampe qui brille dun plus vif éclat avant de séteindre, comme un malade qui, sur le point de mourir, semble reprendre ses forces.
Durant les quatre derniers jours dEs-Sâba, il fait tellement froid que le lait de beaucoup de
nos chèvres se trouve tari. La perdrix reste dans son nid et commence à pondre, si bien quà la fin de cette période, elle est, ainsi que disent les gens, sur sept oeufs. La perdrix qui sest accouplée dans la nuit dEnnayer2 pond son premier oeuf, le premier jour d Es-Sâba, puis chaque jour un autre oeuf.
Les bergers, friands de ces oeufs, en prennent chaque jour un, quils remplacent par un oignon de scille taillé assez habilement pour que la perdrix sy trompe et continue à pondre. Cest au moment dEs-Sâba quarrivera le jour de la Destruction, pendant lequel toutes les créatures de Dieu seront anéanties à la même heure. Toute chose se trouvera transformée en eau et lunivers ne sera plus quune vaste mer. Chaque année quand approche la Sâba nous disons « cette fois, nous allons être détruits » et craignant dêtre anéantis, nous demandons à Dieu duser de bonté à notre égard : le monde se met à faire des aumônes de pain, de figues, de bouillie, de couscous. Le dernier jour dEs-Sâba, arrivent les cigognes. Si on aperçoit une cigogne, cest signe de bonheur quand elle se présente de face, cest signe de malheur si elle tourne le dos ; cest signe de grande misère si deux cigognes se battent sous nos yeux.
Puis viennent les hirondelles et enfin, après elles, ce sont les aigles. Lindividu qui, pour la
première fois de lannée, voit lun de ces aigles en tire bon ou mauvais augure. Si à ce moment, il se trouve debout, il dit à loiseau : «Je tai vu, aigle, et je suis debout ». Puis se baissant, et fermant les yeux, il ramasse de la terre sous son pied droit et lexamine dans sa main. Y trouve-t-il mêlé quelque poil danimal, il en observe la nuance : si ce poil est noir, lindividu achètera un âne noir, ou un mulet noir, ou une jument noire ; si le poil est dune couleur différente, blanc ou gris, ou rouge, il achètera selon le cas, une monture blanche, grise ou rouge. Mais si laigle vous apparaissant pour la première fois de lannée, vous trouve assis ou couché, cest le présage dune maladie qui vous frappera ou lannonce dune mort prochaine, si Dieu veut.
Cest alors quarrivent les sauterelles. Elles sont sorties du sein de la mer. Pour les chasser
de notre pays, le feqîh [le lettré] écrit sur des pierres des mots que je ne connais pas (passage du Coran). Il les place ensuite dans nos jardins. Dieu nous prenant en pitié, les sauterelles quittent la région par la puissance divine. Le Sultan des sauterelles est de la grosseur dune chauve-souris.
Seuls les grands savants savent le reconnaître ; il est blanc, ou bien rouge, ou bien tacheté de blanc et de rouge. Quand le feqîh trouve le Sultan, il lattrape et couvre ses ailes décriture puis il lui donne la liberté. Le Sultan rejoint les autres sauterelles. Celles-ci saperçoivent que pour les faire mourir, on a couvert décriture les ailes de leur chef. Pris de peur, le Sultan fuit, suivi de toutes ses sujettes ; pas une ne reste dans le pays. Elles sont parties, mais leurs enfants sortent en grand nombre de cette terre rouge où les sauterelles ont déposé leurs oeufs. Il sen échappe des espèces de vers qui dévorent toutes les plantes, quelles quelles soient. Quand ils tombent sur lorge verte, ils ne laissent que la terre rougeâtre. Aussi nous disons « O Dieu bienveillant, les sauterelles soit ! mais pas leurs fils ! ».Nous mangeons toutes celles que nous pouvons attraper.
Au commencement de mai, le troisième jour, nous prenons quatre feuilles dolivier, le feqîh
écrit sur ces feuilles que nous plaçons ensuite dans les plates-bandes de nos jardins. Les fourmis senfuient, pas une ne reste dans le jardin. On évite pendant trois des jours du Neth, de pénétrer dans les céréales (ce qui chasserait la baraka), de sarcler ou darroser (ce qui brûlerait les récoltes). On en donne aussi la raison suivante à Tlemcen : « A ce moment, les arbres, les herbes, les pierres même se marient. La présence dun homme les gênerait, les rendrait honteux ». Pendant le mois de mai, les tolbas nous avertissent de lapproche du jour dEn Nisân. La pluie qui tombe à ce moment est bénie. Aussi, sil vient à pleuvoir, tous, hommes et femmes, garçons et filles, sortent tête nue, afin dêtre mouillés par leau du ciel (coutume qui se rencontre un peu partout en Oranie).
Cette pluie préserve des maux de tête, les guérit ; elle fait pousser très longues les chevelures des fillettes et des femmes. Pour que la laine de nos moutons soit douce et fournie, on fait sortir ceux-ci dans la pluie dEn Nisân. On y expose aussi les vaches, les chèvres, tout le troupeau pour quil engraisse et prospère. Cest à cette époque que nous coupons la laine des troupeaux, mais seulement après que la pluie a mouillé les toisons. Le troisième jour dEn Nisân on fait, au couteau, une entaille à loreille des agneaux. Certains font rougir au feu un clou ou la pointe dune faucille. Ils lappliquent ensuite sur loreille de lanimal, et la perforent. Grâce à cette marque, on reconnaît facilement les moutons quand ils se mêlent à ceux dun autre troupeau. On dit aussi que cette opération, faite aux jours bénis dEn Nisân, hâte la croissance des animaux, et éloigne deux la maladie (Tlemcen-Qala). Si le possesseur dun jeune chien désire que lanimal devienne méchant et bon gardien de la maison, il lui enlève un morceau doreille ce même jour dEn Nisân.
Ce jour dEn Nisân apporte plus ou moins de baraka. Chez les Béni-Ournid, sept femmes
sortent, le jour dEn Nisân, emmenant à quelques kilomètres du douar une brebis nayant pas encore dagneau. Elles lobservent jusquau coucher du soleil. Si lanimal fiente, si les crottes sont fines, le ciel enverra ses bénédictions sans mesure ; si la brebis ne fiente pas, lannée sera sans baraka. Sil ne pleut pas dès le commencement dEn Nisân, on se hâte de demander la pluie. Les tolbas et les jeunes gens, pieds nus et tête nue se rendent en troupes après le Moghreb, aux tombeaux des saints de la région, et demandent la pluie (jets de pierre et de cheveux aux marabouts). Les vieilles femmes jouent avec une boule et des cuillers. Une grande cuiller habillée à la façon dune poupée est promenée dans les rues du village, et aux environs. On tire divers présages dune brebis noire conduite à loued Tafna, ou attachée loin de son petit. On jette à leau un Ouled Sidi Chikh, un chérif On se jette de leau On égorge un boeuf noir, un mouton noir, des poules noires, près des tombeaux des saints. (A Ammi-Mousa, pour faire tomber la pluie dEn Nisân, on suspend des tortues par les pieds aux branches dun arbre et on les laisse dans cette position gênante, jusquà ce que Dieu, prenant en pitié les malheureuses bêtes, se décide à envoyer la pluie On les délivre aussi dans le cas où elles viennent à uriner, ce qui est lannonce dune averse prochaine On sait que les tortues chassent le froid, font fuir le diable).
Lorsque la pluie dEn Nisân vient à tomber, les enfants sortent de lécole et recueillent de
cette eau pour sen asperger, pour humecter les planchettes sur lesquelles ils étudient le Coran.
« Cette eau, disent-ils, est bénie et Dieu fera, grâce à elle, que nos études soient bonnes ». Le maître leur dit « Recueillez de cette eau pour que nous en arrosions la mosquée et remplissez-en mon encrier, afin que le jour où quelquun tombera malade, je puisse écrire pour cette personne des amulettes qui la guériront ». Si un enfant vient à vous naître le jour dEn Nisân, ne manquez pas de laver ses langes dans leau qui tombe en ce moment. Cela portera bonheur au nouveau-né. Si lon a mal aux dents, la douleur cesse quand on se gargarise avec un peu de cette eau. Des gens prétendent que, au moment où tombe cette pluie, celle-ci renferme des serpents et des vers. « Ne craignez rien, nous a dit le savant du village, car au moment où cette eau tombe du ciel, les anges accourent, saisissent les serpents quelle contient et les jettent dans la mer ».
Le jour dEn Nisân, nous allons ramasser des escargots sur le Slîb3. On fait cuire les escargots dans leau avec des plantes aromatiques (on emploie diverses plantes aromatiques, mais toujours parmi elles du thym), et on les mange. On jette ces animaux, sept par sept, dans la marmite en leur disant « Je tai égorgé, escargot avec le sel et le thym. Dieu est le plus grand ». Cette nourriture est ainsi rendue licite. Cette nourriture prise ce jour-là est bénie. Jai entendu citer ce hadith par des femmes : « Celui qui ne mange pas de mes escargots et de mes sauterelles nest pas de mon peuple ». Nous avons soin de jeter les coquilles loin des chemins, car si quelquun, ne les voyant pas, passait par dessus ces coquilles, il tomberait malade.
Lorsque, au mois de juin, arrive la fête de la Ansâra, les femmes et les enfants vont sur les
pentes, au pied des falaises pour y recueillir des plantes, telles que la férule (ferula aulcata), le
marrube (marrubium vulgaire) qui en brûlant donnent beaucoup de fumée. On met le feu à ces
plantes, on jette sur le brasier de leau et de la terre (Cest pour que la fumée soit plus épaisse, peut être aussi pour un autre motif qui nous échappe. Chez les Béni Ouassin, on jette de leau sur les tiges qui brûlent. Un des assistants saisit une branche mouillée et asperge les personnes présentes).
Les cendres du brasier ont la propriété de préserver de maladies graves celui qui sen frotte le
corps. Toutefois, pas plus que leau dEn Nisân, elles ne préservent de la maladie qui doit emporter son homme. Un individu, lavé deau dEn Nisân et frotté de cendres de la Ansâra, comprend, sil tombe gravement malade, que sa dernière heure est proche.
Dans les douars de Tralimet, du Bou Hallou (Béni Snous), on fait de la fumée sous les tentes
le jour de la Ansâra. De même chez les Béni Ouassin et les Béni Bou Saïd ; cela afin que les génies de la maison ne viennent pas tourner autour de nous. On place aussi, sous les arbres des vergers, des herbes aromatiques qui brûlent sur un réchaud. De cette sorte, les fleurs des arbres se trouvent fécondées, les animaux sont préservés de la maladie et tout le troupeau prospère. Au Kef, on laisse, pour la première fois, les jeunes agneaux et les chevreaux sortir de la maison et suivre leurs mères au pâturage. Les femmes descendent sur les rives de loued des Oulad lArbi et viennent sasseoir au bord des bassins que forme le cours deau au-dessous du village. Elles allument du feu dans une marmite, jettent sur les charbons ardents du benjoin et des graines de coriandre, puis, faisant le tour de létang, elles en parfument les bords. Elles mangent ensuite un peu de pain de blé ou dorge, quelles ont apporté et quelles se partagent. Elles en jettent dans létang, les poissons accourent pour manger ce quelles ont jeté. Puis elles disent aux génies de lOued « O Chamarhoûch, Belâhar, Belâchgar, Târouchîn, Mâroûchin, partagez-vous ce pain et mangez. Celui dentre vous qui frappera nos enfants, Dieu le frappera à son tour ». Elles puisent alors de leau du lac et en font boire un peu à chaque enfant. Cette cérémonie a pour but dobtenir des génies quils ne fassent pas de mal aux enfants.
En cette saison dété nos maisons sont infestées de puces. Voici comment on sy prend pour
les chasser. Après avoir brûlé dans la chambre le jour de la Ansâra, quelques plantes aromatiques et des grains de raisin vert, on attrape un ou deux de ces petits insectes et on les introduit dans un grain de raisin, que lon suspend ensuite au plafond. Le grain sera à peine sec que déjà toutes les puces seront parties. De même quand lon suspend, dans les pièces dhabitation, des chardons bleus, les mouches se mettent à fuir dès quelles les aperçoivent et ne reviennent plus.
Bien avant le lever du soleil, nous allons chercher des figues amères sur les bords de loued.
Nous ne prenons que celles qui renferment des moucherons. Vite, nous les plaçons dans des sacs, et nous les apportons dans les vergers, après les avoir mises en chapelet sur des brins dalfa. Nous suspendons ces « doukkara » aux branches des figuiers. Les moucherons sortent des figues amères, se répandent dans larbre et assurent la fécondation des fleurs. Pour favoriser la fécondation des fleurs de courge, nous attachons, à leurs tiges, un scarabée, au moyen dun fil rouge. Toujours dans ce même but, un individu place au milieu de son verger une tête de mulet, de cheval ou dâne. Grâce à cette pratique, chaque arbre donne un fruit.
Les gens disent que, pendant cette nuit de la Ansâra, une femme ne peut concevoir,
laccouchement est aussi impossible. Si par hasard, une femme met au monde une fille pendant cette nuit, cette enfant sera stérile ; si cest un garçon qui vient à naître, il sera laid, méchant et impuissant. Lorsque, le jour de la Ansâra venu, nous nous rendons aux vergers, nous prenons bien garde que quelque vieille femme (ou toute femme qui nest plus vierge, parce que, disent les Musulmans, elle peut être en état dimpureté) ne nous suive et ny entre avec nous. Car alors, aucune fleur ne pourrait être fécondée. Mais si cest une jeune fille qui nous accompagne, chaque fleur à cause delle donne un fruit, et ce fruit sera beau comme elle. Avant dentrer dans les potagers, ces jeunes filles doivent enlever leur ceinture. Cest pour cette fête que les vieilles femmes percent les oreilles des petites filles, pour y passer des anneaux dargent ou dor. Elles vont aussi dans la montagne et en rapportent diverses herbes, une tige de chaque espèce. Arrivées à la maison elles les font sécher, les pilent, en font un mélange et les serrent dans un morceau détoffe.
Quelquun a-t-il besoin de leurs services ?Il va trouver une de ces vieilles femmes et lui demande un peu de cette préparation. Il lui donne de largent, en disant « Cède-moi cette poudre dont je me servirai pour me faire aimer de telle femme ». Ou bien cest un malade qui vient demander de ces plantes pour guérir quelque mal de tête et quelque affection de poitrine
*****Nous célébrons au Kef la fête dEnnayer, pendant quatre ou cinq jours. Au Khémis elle dure sept jours. Le premier jour, dès le matin, les femmes et les enfants vont à la forêt sur les pentes. Ils en rapportent des plantes vertes, du palmier nain, de lolivier, du romarin, des asphodèles, des scilles, du lentisque, du caroubier, de la férule, du fenouil. Les femmes jettent sur les terrasses des maisons ces plantes quon y laisse se dessécher. Les tiges vertes ont, en effet une influence favorable sur les destinées de lannée nouvelle qui sera ainsi verte comme elles. Et pour que lannée soit pour nous sans amertume, nous nous gardons de jeter sur nos maisons des plantes, telles que le chêne vert, le thapsia, le thuya qui toutes sont amères.
Les enfants rapportent aussi de la montagne de petits paquets dalfa, six, huit par nombre
pair (deux paquets sont dalfa sec). Ils se procurent aussi trois grosses pierres ; au pied des pentes ils recueillent de la terre rouge. Ils apportent le tout à la maison. Alors au moyen dune pioche, les femmes démolissent lancien foyer, enlèvent les trois vieilles pierres qui servent de support à la marmite et les remplacent par celles que les enfants ont apportées. Elles font détremper la terre rouge dans leau, la pétrissent, en enduisent les pierres du nouveau foyer et laissent sécher jusquau moment de préparer le repas du soir. On allume alors le feu avec lalfa récolté dans la montagne.
Quant aux hommes, ils se réunissaient autrefois de grand matin, à Mzaourou pour faire une
battue. On en rapportait des lapins, des perdrix que lon mangeait le lendemain. De nos jours on égorge un mouton, une chèvre, pour que les gens soient pourvus de viande, le deuxième jour de la fête. On mange aussi des poules dans chaque famille. Au Khémis on égorge dans chaque famille un nombre de volailles égal à celui de ses membres. Une qui allaite ou qui se trouve enceinte mange deux poules. On engraisse ces volailles longtemps à lavance. Il importe de manger, ce jour-là, de la viande de poule ; ceux qui sont trop pauvres pour en acheter ont soin de se nettoyer les dents avec des os de poulets. Le dîner est composé uniquement de berkoukes a lait. Le berkoukes se prépare en roulant en gros grains de la semoule grossière.Après le repas, on en place quelques grains sur les pierres du foyer, et sur les poutres qui soutiennent le toit. On ne lave pas le plat dans lequel a été roulé le berkoukes, ni celui dans lequel on la mangé, ni lustensile qui a servi à le faire cuire. On ne nettoie pas les cuillers, on ne secoue pas la corbeille à pain, ni lanfif en alfa dans lequel se cuit le couscous. A cette occasion, on fait des beignets et des crêpes. On prend des figues des grenades, des oranges, des noix. On en fait des colliers auxquels on ajoute un tajaouth. Cest un pain plus ou moins gros, au milieu duquel on place un oeuf que lon recouvre de petites baguettes de pâté. On porte au four beaucoup de ces pains, dont on fait cadeau aux amis qui en rendent dautres. On fait un gâteau avec des oeufs, du levain, des raisins secs, du sucre, de lhuile. On ne mange pas, ce jourlà, de pain dorge, mais seulement du pain de blé. Les femmes ont soin de jeter les coquilles doeuf au loin, afin quil narrive à personne de marcher dessus. Une jeune tlemcénienne qui marcherait sur des coquilles doeuf ne trouverait pas de mari, surtout si cela lui arrivait pendant lEnnayer. A celui qui na rien, nous offrons des figues, des grenades mises en colliers, un petit pain, de cette sorte, ses enfants ne pleurent pas denvie en voyant les friandises des autres.
Quand approche la nuit, on fait un lion. Deux hommes placés lun devant lautre, la face
tournée vers le sol se saisissent. Les jeunes gens vont chercher un tellis (une couverture) dont ils les revêtent et quils fixent au moyen de tresses dalfa ; on noublie pas de pourvoir le lion des attributs de son sexe. Alors lindividu placé devant se met à rugir dans un mortier quil a à la main. La marmaille emmène le lion dans les maisons et les tentes, où il effraie les petits enfants. Les jeunes gens disent aux habitants « Donnez-nous pour le dîner du lion ». On leur donne des figues, des beignets, du pain, des crêpes. Tout ce monde vient ensuite au Bordj du Caïd. Chemin faisant, le lion danse au son dun tambourin. Puis on se réunit dans un endroit voisin de la Tafna ; les jeunes gens se partagent le produit de la quête, mangent et se séparent après avoir récité le fatiha. Et comme cette année-ci est sèche, nous avons ajouté cette prière « O Seigneur, donne-nous de la pluie » (1905).
Après le dîner, le maître de la maison va vers ses brebis et les appelle ; si elles bêlent la
nouvelle année sera bonne ; si le troupeau se tait, lhomme se rend auprès de ses vaches et leur parle ; un beuglement comme réponse est le présage dune année passablement prospère. Si les vaches restent silencieuses, le maître se dirige vers ses chèvres. Lannée sera médiocre si elles bêlent, mauvaise si elles se taisent.
Le lendemain nous préparons au village un chameau. On fait un faisceau de perches que lon
lie avec des tresses dalfa. On apporte alors une tête de cheval ou dâne, ou de mulet : on y adapte une branche que lon fixe ensuite à lune des extrémités du faisceau en question. Trois hommes masqués par une couverture supportent le tout. Cela représente un chameau. Dans des raquettes de figuiers de Barbarie on taille à lanimal des oreilles, et aussi des yeux au milieu desquels on place des petites coquilles descargots. On fait de ces coquilles un grand collier quon passe au cou du chameau. Enfin on lui ajoute une queue faite dune branche de palmier. On le promène ensuite comme on a fait pour le lion, et la marmaille crie « Donnez-nous à manger pour le chameau ».
On ne revêt pas pour lEnnayer, de beaux habits, comme on le fait pour un jour de fête. Si
lun de nous veut arriver à découvrir dans les broussailles des oeufs de perdrix, il se teint, le premier jour dEnnayer, le bord des paupières avec du collyre ; puis la nuit se plaçant un tamis sur le visage, il compte les étoiles au ciel. Cela afin de renforcer sa vue. Une femme est-elle en train de faire une natte aux approches de lEnnayer ? Elle sempresse de lachever pour lenlever du métier avant la fête ; elle détache ensuite le roseau auquel est fixé la trame. Parfois ses voisines viennent laider. Si cette femme nenlevait pas la natte en lui laissant passer lEnnayer sur le métier, un malheur surviendrait, qui éprouverait ses enfants, son mari, ses biens. On agit de même pour un burnous ou une djellabah.
Si dans une famille un enfant né avant lEnnayer perce des dents, une petite fille le prend sur
son dos. Elle se présente ainsi aux portes en demandant de quoi préparer à lenfant de la bouillie (pour lui faire pousser les dents). Ses compagnes chantent « Petite dent, excellente petite dent, tu viendras à mon jeune enfant par considération pour La Mecque et Médine et pour tous les saints de Dieu ». Les enfants des riches, aussi bien que ceux des pauvres, sont ainsi conduits de porte en porte, cette démarche ayant surtout pour but de préserver lenfant du mauvais oeil. Si une femme na pu achever une natte commencée, elle lenlève avant lEnnayer, et la fait porter au loin dans la montagne. Puis, la fête passée, on la place à nouveau sur le métier et on lachève. Voilà comment se passe le premier de lan chez les Béni Snous. Que cette année soit heureuse pour vous ». (Fin de la citation Destaing).
Ces coutumes ont été rapportées au cours dune causerie « sur les Béni Snous » faite par M. Roger Bellisant, instituteur, à la Société des Amis du Vieux Tlemcen, le 18 janvier 1941
(La causerie a été illustrée par des projections lumineuses).
Gadiri mohammed. 06 janvier 2010.
Archives quotidiennes :
Programme des renvontres de la CAN 2010
CAN 2010.
Programme des matchs de la 27e édition
Programme des rencontres de la phase finale de la 27e édition de
la Coupe d’Afrique des nations CAN-210, prévue en Angola du 10
au 31 janvier.
Les rencontres auront lieu respectivement à Luanda, Cabinda,
Benguela et Lubango.
Les deux premiers de chaque groupe sont qualifiés pour les quarts de finale.
PREMIER TOUR (EN GMT) :
GROUPE A (LUANDA) :
10 janvier 2010 : Angola – Mali (19h00)
11 janvier : Algérie-Malawi (13h45)
14 janvier : Algérie-Mali (16h00)
Angola-Malawi (18h30)
18 janvier : Angola-Algérie (16h00)
Malawi-Mali (16h00 à Cabinda)
GROUPE B (CABINDA) :
11 janvier : Burkina Faso-Côte d’Ivoire (16h00)
Ghana-Togo (18h30)
15 janvier : Burkina Faso-Togo (16h00)
Ghana-Côte d’Ivoire (18h30)
19 janvier : Côte d’Ivoire-Togo (16h00)
Burkina-Ghana (16h00 à Luanda)
GROUPE C (BENGUELA) :
12 janvier : Egypte-Nigeria (16h00)
Bénin-Mozambique (18h30)
16 janvier : Bénin-Nigeria (16h00)
Egypte-Mozambique (18h30)
20 janvier : Bénin – Egypte (16h00)
Mozambique-Nigeria (16h00 à Lubango)
GROUPE D (LUBANGO) :
13 janvier : Cameroun-Gabon (16h00)
Tunisie-Zambie (18h30)
17 janvier : Gabon-Tunisie (16h00)
Cameroun-Zambie (18h30)
21 janvier : Cameroun-Tunisie (16h00)
Gabon-Zambie (16h00 à Benguela)
QUARTS DE FINALE :
24 janvier :
1. A Luanda : 1er Gr A-2e Gr B (16h00)
2. A Cabinda : 1er Gr B-2e Gr A (19h30)
25 janvier :
3. A Benguela : 1er Gr C-2e Gr D (16h00)
4. A Lubango : 1er Gr D-2e Gr C (19h30)
DEMI FINALES :
28 janvier :
A Luanda : Vainqueur 1-Vainqueur 2 (16h00)
A Benguela : Vainqueur 3-Vainqueur 4 (19h30)
30 janvier : Troisième à Benguela (16h00)
31 janvier : Finale à Luanda (16h00)